TAI & RSE : transformer la Taxe Annuelle Incitative en opportunité pour votre flotte d’entreprise
Depuis son entrée en vigueur en 2025, la Taxe Annuelle Incitative (TAI) relative à l’acquisition de véhicules légers à faibles émissions s’impose comme un nouveau repère pour les grandes flottes d’entreprise. Souvent perçue comme une charge supplémentaire, cette taxe peut pourtant devenir un levier stratégique de transformation. En l’intégrant à votre démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), la TAI appliquée à votre flotte d’entreprise peut être transformée en avantage concurrentiel durable.
Concrètement, la TAI s’applique aux entreprises et entités publiques qui exploitent au moins 100 véhicules légers (VP et VUL). Elle vise à accélérer le verdissement des flottes en pénalisant les parcs qui ne respectent pas les quotas réglementaires de véhicules à faibles émissions (VFE) et qui continuent à renouveler massivement des véhicules très émetteurs (VTE).
Pour un décryptage complet des quotas, du mode de calcul et des bonifications de la TAI, vous pouvez consulter notre guide 2025 de la taxe annuelle incitative pour les flottes d’entreprise. L’article se concentre sur un angle complémentaire : comment faire de la TAI flotte d’entreprise un pilier de votre stratégie RSE.

1. La TAI : une taxe qui impose une transformation structurelle
1.1 Rappel réglementaire
La TAI s’applique aux flottes d’au moins 100 véhicules légers, détenus ou loués pour une durée supérieure à un an. Elle concerne les véhicules particuliers (VP) et les véhicules utilitaires légers (VUL) et repose sur l’atteinte de quotas progressifs de VFE dans la flotte :
- 15 % de VFE en 2025
- 18 % en 2026
- 25 % en 2027
- 48 % en 2030
Le montant de la TAI dépend de trois éléments principaux :
- un montant unitaire par véhicule manquant : 2 000 € en 2025, 4 000 € en 2026, 5 000 € à partir de 2027 ;
- le nombre de VFE manquants pour atteindre le quota légal dans la flotte ;
- le taux de renouvellement en véhicules très émetteurs (VTE) au cours de l’année.
Autrement dit, la TAI flotte d’entreprise pénalise à la fois le retard de verdissement et la poursuite d’achats de véhicules thermiques trop carbonés.
1.2 Une logique incitative
Présentée comme une mesure d’accompagnement de la transition, la TAI devient rapidement punitive pour les organisations mal préparées. Pour certaines ETI ou grands groupes dotés de plusieurs centaines de véhicules et d’une faible part de VFE, la facture peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros dès la première année.
À l’inverse, les entreprises qui planifient leur trajectoire de verdissement et limitent l’acquisition de VTE peuvent réduire fortement, voire annuler, le montant de la taxe. La TAI agit donc comme un révélateur de la maturité RSE de la flotte.
2. Pourquoi intégrer la TAI flotte entreprise dans votre stratégie RSE ?
2.1 Une flotte, un impact direct sur les émissions
Selon l’ADEME, les flottes d’entreprise peuvent représenter jusqu’à 30 % des émissions directes (Scope 1) d’une organisation. Elles constituent donc un pivot central de la stratégie climat.
Avec l’entrée en vigueur de la directive de la Corporate Sustainability Reporting Directive(CSRD), les grandes entreprises doivent désormais documenter de manière précise leurs émissions, leurs plans de transition et les moyens mis en œuvre pour atteindre les objectifs de réduction. Dans ce contexte, la TAI devient un indicateur tangible de la cohérence entre discours RSE et réalité du parc automobile.
2.2 De la contrainte au levier
Intégrer la TAI dans la stratégie RSE permet :
- d’adosser les engagements climat à un plan de verdissement chiffré ;
- de réduire les émissions déclarées dans le reporting extra-financier ;
- d’améliorer la notation RSE / ESG auprès des investisseurs, banques et donneurs d’ordres ;
- de démontrer une trajectoire crédible plutôt qu’une simple intention.
3. TAI flotte entreprise, RSE et fiscalité : une équation gagnante
3.1 Simulation de coût de la TAI flotte entreprise
Exemple : une entreprise exploite 200 véhicules légers.
- Objectif réglementaire 2025 : 15 % de VFE, soit 30 véhicules.
- Flotte réelle : 10 VFE seulement.
- VFE manquants : 20 véhicules.
- Base 2025 : 2 000 € par véhicule manquant.
- Taux de renouvellement en VTE sur l’année : 40 % (80 véhicules très émetteurs renouvelés sur 200).
La TAI due sera alors de : 2 000 € × 20 × 0,40 = 16 000 €.
En portant le nombre de VFE à 30 véhicules (quota atteint) ou en réduisant fortement les renouvellements en VTE, l’entreprise ramène ce montant à zéro. L’enjeu RSE et l’enjeu fiscal se rejoignent donc totalement.
3.2 Avantages fiscaux
Au-delà de la TAI, la transition vers des véhicules à faibles émissions ouvre plusieurs leviers fiscaux :
- Exonération ou forte réduction des anciennes composantes de TVS pour les véhicules électriques et certains hybrides rechargeables ;
- Plafond d’amortissement relevé à 30 000 € HT pour les véhicules émettant moins de 20 g de CO₂/km, contre 18 300 € ou 9 900 € pour les véhicules thermiques les plus polluants ;
- Déductibilité accrue de certains investissements durables (infrastructures de recharge, équipements de mobilité) ;
- Optimisation globale du TCO (coût d’usage plus faible sur les véhicules électriques ou hybrides bien utilisés).
4. Faire de la TAI un levier de mobilité durable
4.1 Réaliser un audit
Un audit complet permet d’identifier les véhicules à remplacer en priorité, d’analyser les usages (kilométrage, typologie de trajets, taux de charge utile) et de définir des scénarios de verdissement progressif.
Outils utiles : outils d’audit CO₂ et logiciels de gestion de flotte capables de consolider immatriculations, émissions, énergie, TCO et exposition à la TAI.
4.2 Plan d’action RSE
Un plan d’action crédible articule objectifs, actions et indicateurs :
- Objectif : réduire les émissions de plus de 30 %.
Actions : remplacement prioritaire des VP les plus émetteurs (>130 g/km), optimisation des déplacements, mutualisation des véhicules. Indicateur : émissions moyennes de CO₂ par véhicule et par kilomètre. - Objectif : maîtriser le TCO.
Actions : sélection de véhicules sobres, ajustement des contrats de location, travail sur les coûts énergie et entretien. Indicateur : TCO complet par véhicule. - Objectif : valoriser la démarche RSE.
Actions : intégration des données flotte dans le reporting CSRD, mise en avant des résultats auprès des parties prenantes. Indicateur : indicateurs ESG et notation extra-financière.
5. Quels véhicules pour réduire la TAI ?
a) Voitures particulières (VP)
- 100 % électriques. Avantages : TAI évitée, TVS nulle ou fortement réduite, accès facilité aux ZFE, image RSE renforcée. Précautions : déploiement de bornes de recharge adaptées, analyse fine des profils de roulage et de l’autonomie réelle.
- Hybrides rechargeables (PHEV) bien utilisés. Avantages : solution intermédiaire pour certains usages mixtes, à condition que la recharge soit réellement effectuée au quotidien. Précautions : respect strict du seuil de 50 g CO₂/km pour rester dans la catégorie VFE et vigilance sur les possibles durcissements réglementaires à venir.
- Thermiques sobres (<100 g CO₂/km). Avantages : pertinents pour de longues distances lorsqu’une électrification totale n’est pas encore possible. Précautions : suivre de près l’évolution des barèmes de malus, de TVS et des plafonds d’amortissement.
b) Utilitaires (VUL)
Les VUL électriques combinent réduction des émissions, optimisation du coût d’usage (énergie + entretien) et avantages fiscaux (amortissement, exonérations partielles de certaines taxes, accès aux ZFE). Ils constituent souvent un levier rapide pour diminuer l’exposition à la TAI sur les flottes techniques ou logistiques.
6. Réussir la transition en interne
6.1 Sensibiliser
- Former les conducteurs aux spécificités des véhicules électriques et hybrides (éco-conduite, recharge, autonomie).
- Expliquer les objectifs liés à la TAI et aux engagements RSE de l’entreprise.
6.2 Piloter
- Suivre en temps réel les kilométrages, consommations et émissions de CO₂.
- Mettre en place un reporting croisé TCO + CO₂ + TAI pour objectiver les décisions de renouvellement.
6.3 Communiquer
- Intégrer les résultats de verdissement de la flotte dans les rapports RSE et les échanges avec les partenaires.
- Partager en interne les gains obtenus (émissions évitées, TCO optimisé, baisse de la TAI) pour renforcer l’adhésion des équipes.
7. Anticiper les prochaines étapes
Les quotas de VFE, les barèmes fiscaux et les normes d’émissions vont continuer à se durcir au cours des prochaines années. Mieux vaut donc anticiper dès maintenant une trajectoire compatible avec la TAI plutôt que de subir, à chaque loi de finances, une nouvelle hausse de coût.
En plaçant la TAI flotte d’entreprise au cœur de votre stratégie RSE, vous préparez votre organisation aux futures exigences réglementaires tout en sécurisant vos budgets de mobilité.
Accompagner la démarche avec les bons outils
Pour piloter concrètement votre trajectoire TAI/RSE, un logiciel de gestion de flotte comme FleetNote permet de rassembler toutes les données nécessaires au calcul de la TAI et de simuler différents scénarios de verdissement.
Pour structurer la démarche à l’échelle de l’entreprise et intégrer la flotte dans une stratégie climat globale, un accompagnement spécialisé en mobilité durable et en fiscalité automobile, comme celui proposé par certains cabinets de conseil, peut également faire gagner un temps précieux.
Conclusion
La TAI est un signal fort adressé aux flottes d’entreprise. Loin d’être une simple taxe supplémentaire, elle peut devenir une opportunité de transformation. En pilotant la décarbonation de votre flotte dans une logique RSE, vous améliorez à la fois votre compétitivité, votre performance fiscale et votre performance extra-financière.
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